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Ευρωπαϊκή Εταιρεία Νεοελληνικών Σπουδών

Γ΄ συνέδριο της Ευρωπαϊκής Εταιρείας Νεοελληνικών Σπουδών

Lambros Kamperidis

NICOLAS MAVROCORDATOS - UN DESPOTE ÉCLAIRÉ AVANT LA LETTRE
AU SERVICE D’UN MONARQUE ABSOLU

Dans l’univers politique du Grand siècle l’absolutisme est une forme de gouvernance qui se porte garant de l’harmonie sociale, politique et religieuse à l’intérieur des trois puissances qui influent sur la composition des courants politiques en Europe: l’empire ottoman, russe, et la France. Le Grand Seigneur Ahmed III, Pierre le Grand et le Roi-Soleil sont des monarques qui concentrent le pouvoir autour de leur personnalité en s’identifiant complètement à l’État.

Le composant qui se manifeste invariablement dans les idéologies politiques à la défense de l’absolutisme se définit par l’intention de hiérarchiser le pouvoir magistral par des oeuvres littéraires qui se réfèrent au pouvoir mystique du culte royal. Il s’agit d’une tradition ancienne qui s’est exprimée par des traités néo-platoniciens sur la royauté; le genre se cultive pendant le moyen âge par des traités de nature sapientielle qui apparaissent sous le titre ‘de regimine principum’ ou des ‘miroirs des princes’.[1] Dans l’entourage de la Cour de Louis XIV deux oeuvres furent composées “pour soutenir les connaissances du Dauphin”, le Discours sur l’Histoire Universelle de Bossuet et Les Aventures de Télémaque de Fénelon.

La disgrâce de Fénelon n’est pas seulement due à ses querelles quiétistes avec Bossuet, mais aussi aux idées exprimées dans les Aventures de Télémaque, qui remettaient en question l’autorité absolue du monarque; ces idées se concrétisèrent plus tard dans les Plans de Gouvernement concertés avec le duc de Chevreuse pour être proposés au duc de Bourgogne, qui préconisaient le partage du pouvoir monarchique avec une noblesse fermée dans un gouvernement de type parlementaire geré par un Grand Conseil d’État. [2]

En Russie, l’agent et rédacteur des réformes religieuses de Pierre le Grand et propagateur de l’idéologie de la monarchie absolue, Feofan Prokopovich, s’est inspiré plutôt par le courant des idées protestantes; dans son oeuvre principale

O pravde voli monarshei (Sur la justice de la volonté du monarque) il déclare la volonté du Tsar supérieure à tout autre pouvoir. Par ailleurs, Prokopovich déclarait son admiration pour l’oeuvre de Pufendorf, le juriste protestant qui composa un Traité des Devoirs, et faisait partie du cercle de la ‘Garde érudite’ composé de Tatishchev et d’Antiochus Cantemir, fils de Démétrius, connu par ses éloges poétiques de Pierre le Grand.[3]

Si on a fait mention de cas particuliers de la France et de la Russie, ainsi que des oeuvres littéraires, rien moins que des classiques qui ont soutenues par leur idéologie les tendances absolutistes des monarchies européennes, ce n’est que pour entrevoir les courants idéologiques dans lesquels s’inscrit la composition du Traité des Devoirs de Nicolas Mavrocordatos. Le livre appartient dans cette catégorie des oeuvres qui sont destinées à former le fondement éthique et philosophique sur lequel s’édifiera le temple juridique de la monarchie absolue. Dans une exposition de l’oeuvre mavrocordatienne faite par Hoelbius à Iéna, Le Traité des Devoirs se présente comme héritier des oeuvres parénétiques, qui débutent avec Basile le Macédonien, et qui continuent avec Constantin Porphyrogénète, adressées à son fils Romanus, pour aboutir à Jacques Ier d’Angleterre et le Basilikon Doron, composée pour son fils Henri.[4] Pour la réalité politique qui s’applique en terre roumaine le genre prédate la composition du Traité des Devoirs; au moins deux oeuvres lui sont antérieures: les Enseignements de Neagoe Basarab adressés à son fils Théodose, composés au début du XVIe siècle [5] et les Chapitres parénétiques de Pseudo Basile, attribués à l’empereur Basile le Macédonien, imprimés à Bucarest en 1691, dans une traduction en grec moderne faite par Chrysanthos Notaras par ordre et aux frais du prince Constantin Brancovan.

Le pouvoir qui est concentré aux mains d’une personne, du roi, qui accomplit en lui-même l’unité de l’État en identifiant à lui-même l’État, transpose la réalité de l’État à une idéologie abstraite, en préparant, en quelque sorte, l’idée de l’état moderne, composé des forces centrifuges et centripètes. Cet équilibre des forces opposées est à la fois statique et dynamique. Les monarques absolus le maintiennent en opposant la classe ascendante des bourgeois de robe à la classe des nobles de souche, qui voient leur indépendance subordonnée au service du souverain qui les lie à sa Cour de Versailles et les asservit par l’offre des pensions et des dots. “Tous les yeux sont attachés sur lui seul; c’est à lui seul que s’adressent tous les voeux; lui seul reçoit tous les respects… on ne poursuit, on n’entend, on ne fait rien que par lui seul.”[6]

Contrairement aux traités des speculum principi, où les devoirs des princes sont définis par rapport au système du gouvernement qu’ils exercent, Mavrocordatos ne présente que le type monarchique et despotique, en l’interprétant dans un contexte de processions qui émanent d’une source primordiale selon une hiérarchie immuable. Dieu est le créateur et le maître de l’univers et il désigne ses représentants sur la terre qui la gouvernent en son nom. “Le but, le plus haut degré des choses désirables, est le seul et unique Dieu …” (PK[7] 10). Il ne s’agit pas simplement des préceptes théoriques qui justifient la mise en place d’une idéologie morale; Mavrocordatos vise à établir l’ancienne forme d’autorité princière du droit romain, l’auctoritas principis, telle que devéloppée pendant la période républicaine par Cicéron, où le prince est le gouverneur de la chose publique, rector rei publicae. Son autorité est puisé dans un pouvoir moral entretenu par ses vertus, par une manière de vivre vertueusement; c’est la pratique des vertus qui lui confèrent l’étendu de ses devoirs, ainsi que son officium exclusif d’exercer son auctoritas principis, qui l’élève au rang du premier citoyen, du princeps.[8] Par ailleurs, ce n’est pas par hasard qu’il élabore ses idées sur les devoirs en les appuyant sur le De officiis de Cicéron.

Les émanations de ces pouvoirs se reproduisent comme dans un miroir, en se reflétant successivement sur cette surface polie du speculum dans laquelle se miroitent les vertus qui établissent les princes à l’honneur de leur dignité. L’idée se retrouve fréquemment dans les écrits sapientiels et les traités sur la royauté; leurs préceptes, selon Constantin Porphyrogénète, sont lus comme dans “un miroir limpide que nous placerons au centre du palais pour que, en y voyant ce qui convient au pouvoir impérial et ce qui revient à l’organisation sénatoriale, les rênes du pouvoir puissent être tenues avec ordre et dignité… De la sorte, puisse le pouvoir impérial, s’exerçant avec ordre et mesure, reproduire le mouvement harmonieux que le Créateur donne à tout cet Univers.[9]

L’ordre et la mesure de ces émanations du pouvoir impérial, de sa source divine qui réside en Dieu, à celui qui l’obtient par Lui, est exprimé clairement par Mavrocordatos. Cette autorité n’est pas seulement confiée au roi, mais elle est partagée avec son Conseil, car “notre Sultan, lui, estime son Conseil, dont il tient pour bienséante la fréquentation notoire” (Ph.P 81). Les sujets du roi “ont l’habitude de se modeler sur l’avis du souverain”, de sorte que ses qualités morales passent “dans l’âme de ses sujets” (Ibid.). Comme garant de cette autorité le souverain est le pater patriae. La patrie est son domaine seigneurial, elle lui appartient avec tout ce qui se qualifie comme chose publique, car la communauté des gens qui y réside est sous sa tutelle, cura et tutela rei publicae; l’ autorité paternelle est puisée dans la fonction de pater patriae qui exerce son pouvoir paternel sur ses enfants qui se modèlent a son image.
Cependant, “dans la grande patrie”, du Royaume de Dieu et de son pendant, du royaume terrestre et du domaine seigneurial, “il y en a une petite: le maître de céans y préside en vrai imitateur du souverain en dirigeant tout avec justice et vertu.” (PK 86). Les termes utilisés par Mavrocordatos pour désigner le gouvernement de la petite patrie, où s’exerce la patria potestas du paterfamilias, sont similaires aux termes utilisés par Jean Bodin et John Locke lorsqu’ils désignent l’autorité paternelle par rapport aux diverses formes du gouvernement: veltion tou despozomenou oiden despozein o aph’estias memathikos ta tou despozein kathikonta (Ibid.) Cet emploi du terme est un hapax qui ne s’applique qu’à la gouvernance du foyer. Le terme ‘despotés’ est invariablement utilisé pour désigner Dieu (o philanthropos Despotis, filanthropos o Despotis, tou megalodorotatou despotou, o despotis hemon, PK p. 4, 122, 20, 108). On le retrouvera au XVIe chapitre, appliqué encore à la gouvernance de la maison: “Le fondement et le couronnement de toute société, ce sont les communautés de base, germes de cités dans lesquelles les devoirs entre l’homme et la femme, le père et les enfants font l’objet des soins extrêmement généreux.” (PK 143). La terminologie est révélatrice: He men gyné os despotin kai basilea tima ton andra (Ibid.). L’autorité paternelle peut être reclamée par Dieu, par le roi, par l’évêque, par le prêtre, par le paterfamilias, par le patron, même par la femme, en vertu de l’honneur qu’elle rend à son mari et des devoirs qui les lient dans leur communauté de base, elle participe à la cura et tutela rei publicae, elle s’assure du bon ordre des affaires domestiques, elle veille aux champs et aux serviteurs; et même, en tant que despoina, elle fait pendant au despotés. En vertu de cette translation des fonctions et la nature immuable des devoirs qui accompagnent toute fonction publique, tout office, le prince reçoit son autorité par le roi et il règne comme despote en son nom, sur la partie de la communauté de base qui lui est assignée à gouverner. Dans ce contexte il est intéressant de noter que Mavrocordatos réserve l’utilisation du terme despotés pour celui qui exerce l’autorité de patria potestas et pour Dieu, mais jamais pour le monarque, qui le qualifie de roi.

La distinction entre l’autorité de despotés en tant que père de famille et maître des esclaves a attiré l’attention d’Aristote vis-à-vis du pouvoir politique. Dans sa Politique (I. 1255b) il réitère que l’autorité de l’homme politique, politikos, s’exerce envers les hommes libres et de despote, despotés, envers les hommes qui sont esclaves. Suite aux guerres persiques les Grecs ont identifié la monarchie avec l’empire perse achéménide représentée par l’autorité absolue d’un roi-soleil qui exerçait son pouvoir sur ses sujets en les traitant des esclaves.
Le terme despotés est réapparu au moyen âge dans la traduction de la Politique d’Aristote faite vers 1260 par Guillaume de Moerbeke, l’évêque latin de Corinthe, qui a utilisé les formes monarchia despotica et principatus despoticus. Jean Bodin, dans ses Six livres de la République, employa le terme seigneur pour despotés, en voulant, vraisemblablement, prendre une certaine distance du sens péjoratif du terme, vu que, des trois formes de la monarchie, seigneuriale, royale et tyrannique, il considérait la monarchie seigneuriale comme la meilleure: “… la Monarchie seigneuriale est plus durable que les autres… elle est plus auguste… les subiects ne tiennent la vie, biens et liberté que du Prince souverain.”[10] La souveraineté, un concept qui est introduit dans la terminologie politique par Bodin, se trouve au sommet d’une hiérarchie institutionnelle, conférée, tout comme le pouvoir de faire et casser des lois, au Prince souverain par Dieu.

Bodin s’est mis entièrement à la défense de l’idée de souveraineté traduite en absolutisme. Il était aussi le premier à identifier l’empire ottoman avec la notion du despotisme oriental qui remontait à la qualification de l’empire perse comme despotisme asiatique. Bodin ne voyait pas le Grand Seigneur comme une image de mal, puisqu’il concentrait en lui toutes les qualités de la monarchie despotique et la souveraineté associée avec la fonction du Grand Seigneur (Ibid., p. 277).

Mavrocordatos possédait les livres de Bodin; [11] on peut même identifier plusieurs loci communs empruntés directement à son oeuvre. Le fait qu’il connaissait aussi l’oeuvre de Bacon et de Hobbes ne le classifie comme un adepte de leurs idées sur la politique. Cependant, il y a des influences fécondes élaborées dans son oeuvre qui sont dues à l’oeuvre de Locke et de Pufendorf.

La différence essentielle de son oeuvre par rapport aux oeuvres occidentales est caractérisée par sa contribution à la notion de l’interdépendance et non de la séparation des fonctions politiques. Mavrocordatos fait preuve d’une volonté de se voir en continuité avec les grands courants de l’histoire des idées qui ont donnés naissance aux théories des devoirs, des Stoïciens et Cicéron jusqu’à Pufendorf, conçus comme moyens qui lient les hommes en associations par des obligations réciproques.

Pufendorf justifie l’esclavage et le pouvoir despotique par la théorie du consentement du peuple qui s’asservit suite à une guerre juste. Il maintient que les hommes se bénéficient du bien de la liberté égale; au cas ou cette liberté est tronquée il faut obtenir leur consentement, interprété comme volonté de livrer leur liberté au suzerain. Ce consentement est valide suite à une guerre juste qui asservit le peuple au vainqueur par des pactes de soumission (De officio hominis et civis, 1673, II, ix).

Ce qui est particulier dans la soumission des Grecs au pouvoir ottomane est que l’autorité princière exercé sur tous les sujets chrétiens orthodoxes était conféré par Mehmet le Conquérant au patriarche de Constantinople. Avec l’ascendance des Phanariotes à la dignité des voïvodes, on voit un passage graduel de cette autorité de l’hiérarchie ecclésiastique à l’autorité princière. Le despote ecclésiastique est supplanté par le despote phanariote. Les décrets qui étaient émis auparavant, à la demande des boyards, par le patriarche pour régler questions de gouvernance, sont issus maintenant par la chancellerie du voïvode à l’autorité duquel revient l’administration des principautés.[12] L’hiérarchie ecclésiastique figure peu dans son oeuvre, sauf à un endroit: “Honorons donc, autant que possible, en les prenant sous notre protection d’une manière durable, les prêtres du Très-Haut … (qui) sans encourir des distractions dues à la procuration des choses nécessaires à la vie … sans nullement s’engager dans les soins séculiers...” (PK 17). Quel écart entre l’engagement dynamique du patriarche Cyril dans les affaires séculières des principautés et les conseils de Mavrocordatos envers les hommes ecclésiastiques de ne pas compromettre les choses en s’ingérant dans les affaires séculières et de se tenir loin des affaires mondaines. Cette attitude se conjugue davantage avec la position de despotisme éclairé qui soumet l’Église nationale entièrement à l’autorité de l’État. De plus, la protection accordée à l’Église par le despote la rend davantage servile envers l’État, qui l’utilise comme un instrument pour la propagation de son idéologie.

Un fait remarquable qui se présente dans les oeuvres des apologistes de l’absolutisme est que la séparation de l’Église et de l’État s’exprime plus intensément lorsque l’absolutisme se déclare plus intelligement. Plus l’absolutisme est raisonné plus absolue est la séparation. La lettre sur la tolérance (1686) de Locke en fait le point sur la séparation des pouvoirs ecclésiastiques et civiles. Il est impossible que Mavrocordatos n’ait pas étudié ce texte traduit en français par Jean Le Clerc, son correspondant pendant la période 1720-27.[13]
La préoccupation de Mavrocordatos avec le droit, son intérêt pour l’oeuvre juridique de Grotius, qui fut le premier en Europe à proposer un corps de règles de droit international basé sur la laïcisation –plutôt sécularisation- du droit naturel, sa volonté de s’inscrire dans un courant philosophique, qui rationalise le droit par l’intermédiaire de Pufendorf, ne constituent pas des indices suffisants pour le classifier parmi les despotes éclairés; cependant, le Traité des Devoirs classe son auteur parmi les esprits éclairés de l’Europe du Grand siècle qui ont voulu redéfinir le droit selon les principes de la raison et qui ont saisis le rôle du despote dans sa fonction législative.

Un phénomène similaire se reproduit en Russie, où les oeuvres de Pufendorf, de Grotius et de Locke ont tirées l’attention des propagateurs de l’absolutisme. Ce qui est particulier au système politique élaboré par Mavrocordatos réside dans sa volonté de voir le souverain soumis à un système législatif. Selon le droit romain le roi n’était pas soumis aux lois puisqu’il était la loi incarnée, lex animata ou empsychos nomos.[14] Pendant la période médiévale ce principe fut appliqué aux princes, qui étaient déliés de leurs obligations envers la loi, puisqu’ils étaient les créateurs des lois. La formule s’exprimait par l’adage ‘princeps legibus solutus est’ (Ibid.,). De plus, en tant que législateur, ‘princeps legislator, qui est lex animata in terris… est pater subiectorum’.[15] Si le souverain qui exerce un pouvoir absolu est une réalité incontestable pour les monarchies de son époque, c’est surtout à cause de sa liaison à la tradition médiévale qui le rend souverain absolu, ab-solutus, à savoir délié, dégagé de ses obligations envers les lois. Mavrocordatos ne semble pas être tout à fait d’accord avec cette formule, puisqu’il clarifie dans son texte que “les lois s’appliquent non seulement aux gouvernés, mais aussi aux gouvernants, même au roi, investi du pouvoir souverain” (PK 85-86). Par ailleurs, l’idée que le roi est assujetti aux ‘lois de nature’ remonte non seulement aux juristes médiévaux, mais aussi aux théologiens, qui voient le prince à la fois legibus solutus quant à la loi positive, à savoir la législation élaborée par son intervention, mais legibus alligatus quant à la loi naturelle, sur laquelle il n’a aucune autorité.[16]

Le fait que Mavrocordatos s’est mis à la défense de l’absolutisme en proposant un paradigme d’univers hiérarchique le place plus solidement dans le panthéon des esprits qui annoncent l’ère nouvelle d’un absolutisme raisonné, où même le Sultan ottoman, décrit à la manière de Voltaire comme un type du roi-philosophe [17] est comparé au prototype de la sapience de l’antiquité, la déesse Athéna (Ph.P 79) sur lequel Mavrocordatos se modèle, comme antitype, à son image.

 

 

[1] A. Dutu, Les livres de sagesse dans la culture roumaine, Bucarest, 1971; I. Sevcenko, “A neglected Byzantine Source of Muscovite Political Ideology”, Harvard Slavic Studies, II, 1954; L. Kamperidis, I sophiologiki paradosi kai to ‘Peri Kathikonton’ tou Nikolaou Mavrokordatou”, Palimpseston, 14-15, 37-52, 1995.

[2] R. Mousnier, Les XVIe et XVIIe siècles, Quadrige/Presses Universitaires de France, Paris 1993, p. 365.

[3] G. Florovsky, Ways of Russian Theology, Nordland Publications, Belmont, Mass., 1979, p. 122-137.

[4] Ioann. Theodorus Hoelbius, Oratio de litterarum studiis Ioann. Nicolai Mavrocordati Principis Walachiae. Ienae, 1755, Litteris Schillianis, p. VII-X.

[5] Neagoe Basarab, Invataturile lui Neagoe Basarab, Domnul Tarii romanesti (1512-1521). Versiunea greceasca, ed. Vasile Grecu, Bucarest, 1942.

[6] R. Mousnier, op. cit., p. 254

[7] PK renvoie au Traité des Devoirs, Biblos peri Kathikovnton, de Nicolas Mavrocordatos, Leipzig, 1722. Ph.P renvoie au Philothevou Parerga, du même auteur. Texte établi, traduit et commenté par Jacques Bouchard, Association pour l’ètude des Lumières en Grèce, Les Presses de l’Université de Montréal, Athènes, Montréal, 1989.

[8] André Magdelain, Auctoritas principis, Paris, 1947, p. 1-70.

[9] Constantin Porphyrogénète, Le livre des cérémonies, Tome I, Collection Byzantine publiée sous le patronage de l’Association Guillaume Budé, Paris, Société d’édition “Les Belles Lettres”, 1967, p. 2

[10] Jean Bodin, Les six livres de la République, Lyon, 1579, Livre second. Chap. II, De la Monarchie Seigneuriale, p. 279

[11] J. Bouchard, “Les lettres fictives de Nicolas Mavrocordatos à la manière de Phalaris: une apologie de l’absolutisme”, Revue des études sud-est européennes, XIII, 2, Bucarest, 1975, p. 197-207

[12] Cette tendance des archontes d’imposer leur volonté sur les ecclésiastiques est manifestée assez tôt. Dans le plus grand nombre de documents du codex des monastères de Sozopolis, qui datent du XVIe et du XVIIe siècle, est demandée la protection du patriarche de Constantinople contre les abus des archontes, des laïques, mais aussi des prélats, qui collaborent avec les archontes et qui menacent incessament l’autonomie des établissements monastiques. L. Kamperidis, The Greek Monasteries of Sozopolis, XIV-XVII centuries, Institute for Balkan Studies, Thessaloniki, 1993, p. 91, 97, 122, 129, 145, 151. Voir aussi Historia Patriarchica Constantinopoleos, éd. B. . Niehbur, in Corpus Scriptorum Historiae Byzantinorum, Bonn, 1849, p. 160-164. L’intervention du patriarche est aussi solicitée en Valachie. Voir le ton politique d’une lettre sigillaire du patriarche Cyril Loukaris adressée en 1626, suite à leur demande, aux boyards et au voïvode Io Alexandru, qui commence avec une arenga sur le gouvernement conforme à la loi et sur le gouvernement tyrannique dont la différence se définit en ces termes: “quant à la tyrannie, elle ne s’intéresse qu’au profit personnel du tyran; le gouvernement conforme à la loi rend service à ceux qui lui sont assujettis et qui se gouvernent selon ses principes; le plus grand service rendus à ceux qui sont ainsi administrés est la justice qui règne entre eux, justice qui est le fondement de chaque république”. Documenta Romaniae Historica, B. Tara Româneasca, vol. XXI (1626-1627), Editura Academiei Republicii Socialiste România, Bucarest, 1965, p. 96-99. Certains seront prédisposés à interpéter ce document comme un incident isolé qui se justifie par le bas âge d’Alexandre Coconul, chose qui explique l’intervention du patriarche. Il faudra y voir une influence plus profonde, vu que le Concile qui condamnera officiellement Loukaris est convoqué par le patriarche en 1642 à Iasi, en terre moldave. Même la correspondance de Mavrocordatos avec le patriarche de Jérusalem Chrysanthos Notaras ou avec son homologue d’Alexandrie Gérasimos, prend souvent un ton protectionniste; dans un cas flagrant de cette tendance il impose l’élection de l’archimandrite Païsios à la dignité épiscopale, en demandant qu’elle soit entérinée par le Synode patriarcale de Jérusalem, sans toutefois qu’il soit dans l’obligation de se déplacer. Dans une lettre écrite 45 jours plus tard il remercie le patriarche de son approbation, et à l’insistance du patriarche, qu’il remarque les irrégularités d’une telle nomination, il se plie à la nécessité du voyage, vu que l’ordination par distance n’est pas conforme aux canons ecclésiastiques du siège patriarcal. É. Legrand, Bibliothèque Grecque vulgaire, Tome IV, Épistolaire grec, Paris, 1888, p. 64, 67.

[13] J. Bouchard, “Les relations épistolaires de Nicolas Mavrocordatos avec Jean Le Clerc et William Wake”, O Eranistés 11, 1974, p. 67-92

[14] Ernst Kantorowicz, The King’s Two Bodies, A Study in Medieval Political Theology
Princeton, 1957, p. 130.

[15] Kantorowicz, op. cit., Ibid., fournit les citations tirées des oeuvres des juristes médiévaux. De Karolus de Tocco, comme une réflexion de non possibile : “nam et si legibus sit princeps solutus, legibus tamen vivere debet… nam cum ipse sit lex animata… non debet in legem committere.”

[16] Selon saint Thomas d’Aquin le prince est legibus solutus par rapport à la puissance coercitive (vis coactiva) de la loi positive, puisque cette loi d’invention humaine reçoit son autorité de lui, mais il est lié, alligatus, par rapport à la puissance directive (vis directiva) de la loi naturelle, à laquelle il doit se soumettre volontairement. Kantorowicz cite Bossuet à cet égard: “Les rois sont donc soumis comme les autres à l’équité des lois…; mais ils ne sont pas soumis aux peines des lois: ou, comme parle la théologie, ils sont soumis aux lois, non quant à la puissance coactive, mais quant à la puissance directive.” Kantorowicz, op. cit., p. 136.

[17] J. Bouchard, “Nicolas Mavrocordatos et l’Époque des Tulipes”, O Eranistés 17, 1981, p. 120-129.