Irini Tsamadou-Jacoberger & Sophie Vassilaki

La construction de l’identité du grec moderne vue par Manolis Triandaphyllidis

Περίληψη

La construction de l’identité du grec moderne vue par Manolis Triandaphyllidis Irini Tsamadou-Jacoberger (Université de Strasbourg) et Sophie Vassilaki (INALCO, Paris) jacoberg@unistra.fr et sophie.vassilaki@inalco.fr Cette contribution s’inscrit dans le cadre de notre projet commun de recherche “Processus et typologie de standardisation dans les langues de l’espace balkanique” (Centre d’études balkaniques, CEB-INALCO et Groupe d’études orientales, slaves et néo-helléniques, GEO-Université de Strasbourg). Elle vise à éclairer la position de Manolis Triandaphyllidis, linguiste-grammairien et pédagogue, à l’égard du statut du grec moderne, en tant que langue dont il est nécessaire de construire un espace de référence et de représentation propre. Nous étudierons la mise en place de ce discours métalinguistique à travers deux ouvrages majeurs de MT, l’Introduction historique et la Grammaire néo-hellénique dont on sait qu’ils s’articulent en un ensemble cohérent et solidaire. On s’accorde à reconnaître que ces deux ouvrages ont été les seuls à marquer un changement radical de perspective dans le traitement de la langue moderne en tant qu’entité historique et synchronique. C’est dans ce sens que Triandaphyllidis parle d’emblée d’“introduction historique à notre langue maternelle”, cette dernière occupant l’essentiel de sa description. La place centrale accordée à cette langue maternelle se reflète dans la méthodologie adoptée; ainsi le critère pour la périodisation de l’histoire de la langue est strictement linguistique (langue ancienne, langue médiévale, langue moderne) et très peu de place est faite aux repères culturels ou socio-culturels. Dans cette vision, l’identité de la langue moderne n’est pas une donnée préalablement validée par son histoire, c’est-à-dire dans un rapport essentiel et inextricable avec la langue ancienne, mais elle représente une entité dynamique mise en place par synthèses successives. C’est dans cette perspective que nous devons nous interroger sur la signification et la place accordée par Triandaphyllidis aux différentes formations de langues communes (koinè), écrites et orales, tout au long de l’histoire du grec, qui préfigurent la future formation d’une langue commune nationale. A ce titre, il est intéressant d’étudier la typologie de koinè qu’il établit, en dehors de la distinction oral-écrit. Triandaphyllidis parle ainsi de koinè usuelle/courante, scientifique et littéraire, en tant que variétés ou composantes de la langue moderne, chacune contribuant à sa manière à la formation et la stabilisation de l’idiome commun. C’est sur cette base qu’il formule sa conception de la diglossie dont le statut métalinguistique a été peu étudié jusqu’à présent chez cet auteur. Rappelons que ce terme fait partie d’un champ notionnel construit sur la base suffixée -glossie (cf. monoglossie, diglossie, triglossie, polyglossie) dont il faudrait explorer la signification afin d’en comprendre la portée et de mieux le distinguer d’autres acceptions. Enfin, cette démarche pionnière de Triandaphyllidis doit être mise en regard de tout l’effort de description et de codification de la langue que reflète sa Grammaire destinée à l’enseignement du grec moderne, langue maternelle, langue vivante.

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